Souvenez-vous, il y a un peu plus d’un an, SEAT nous emmenait en Roumanie pour y découvrir une route légendaire, idéale pour célébrer l’anniversaire de sa gamme CUPRA. Une année auparavant, c’était le Nürburgring qui était célébré. Cette année, la marque a décidé de remettre ça un brin différemment, en se concentrant sur sa technologie de transmission intégrale SEAT 4Drive et en faisant un pari quelque peu audacieux : parcourir 1000 km de routes et de pistes sur les traces du rallye des 1000 lacs.
Mille lacs. Autrement dit, la Finlande. Que ce soit sous son ancienne appellation ou sous la moderne, nettement moins excitante, ce rallye faisant partie du championnat du monde est synonyme de vitesses folles, de moyennes tout aussi délirantes et de sorties de route spectaculaires. Ce rallye et ses spéciales sont des faiseurs de légendes et de désastres automobiles, générant une foule d’images fabuleuses dans la tête du passionné de rallye que je suis !
Dire non à cette invitation n’était donc pas raisonnable car s’il n’était bien sûr pas question d’aller taper un chrono dans Ouninpohja, le programme des trois jours était chargé en découvertes, kilomètres, paysages et variétés de revêtements… le tout sous l’œil très sévère des innombrables radars et policiers locaux.
Premier jour. Le premier trajet est un classique Paris – Helsinki. Me voici en Finlande mais je suis encore bien loin de ma destination car notre camp de base et de départ se situe en réalité à Joensuu, à quelques encâblures seulement de la frontière russe. Vue depuis un satellite, la région est un mélange de bleu et de vert, comme si la mer s’était glissée partout entre les pins, comblant tous les interstices et cuvettes disponibles.
On nous a menti, il y a bien plus de 1000 lacs. Bien plus que 1000 km aussi pour faire le tour de ces innombrables étendues d’eau accueillant des moustiques gros comme des vaches ! Pour commencer, je fais avec Driss le choix de prendre le volant de l’Ateca FR, bien évidemment équipé en SEAT 4Drive. Le briefing nous a un peu refroidis : radars partout, tolérance zéro, limitations de vitesse changeantes et surprenantes et bien sûr, sur les pistes, un grip lui aussi parfois taquin et piégeur !
Les premiers kilomètres permettent de se familiariser avec cet environnement pas vraiment propice à la franche déconnade automobile. Les finlandais ne rigolent pas trop sur le sujet, alors on observe, on règle l’Ateca FR pour qu’il soit le plus confortable possible et on déroule. Premier constat : le niveau d’équipement est ultra complet avec un régulateur un lane assist bien faits à défaut d’être parfaits, la finition est très sérieuse et convaincante mais surtout, le nouveau bloc 2.0 TSI de 190ch confère à ce tant attendu SUV de la marque une belle mise en vitesse. Je ne m’attendais pas à ça.
En fait, pour être franc avec vous, j’étais plutôt parti pour passer tout mon temps au volant de la nouvelle Leon CUPRA développant 300 ch et désormais équipée en SEAT 4Drive pour la version break… et puis je me suis retrouvé au volant de l’Ateca FR et c’était peut-être bien le meilleur choix pour découvrir ces routes et ces pistes !
En parlant de pistes, la première arrive, sans prévenir ! Le bitume disparaît soudainement et se transforme en gravelle certes bien tassée mais inattendue. Les traces de pneus sont bien visibles et pour peu qu’on y laisse les siens, on peut rouler sagement sans réfléchir. Les premiers virages arrivent, les premiers croisements aussi, car si la densité démographique de la région est parmi les plus faibles d’Europe, il n’empêche que le finlandais roule beaucoup d’un point à l’autre. Vite, parfois, aussi.
C’est l’occasion de tester les freins et de mettre les pneus, tout sauf mixtes ou terre, hors des traces. L’Ateca FR se cale tranquillement, sur ses appuis. La suspension me bluffe dans sa capacité à limiter les mouvements de caisse sans pour autant devenir dure comme un tronc d’arbre. Les nids de poule sont légion dans certaines portions et là encore, pas de problèmes, les chocs sont absorbés sans coup férir et surtout sans tasser de vertèbres.
Il n’y a que peu de kilomètres pour cette fin de journée mais déjà, je suis impressionné par la palette de talents que présente l’Ateca FR, capable de belles mises en vitesse et vraisemblablement doté d’un châssis bien fichu. Le fait est que mon pilote/copilote partage cet avis, alors que lui-aussi était bien parti pour tâter un brin de CUPRA… Le verdict est évident : demain, on reprend le même pour la seconde boucle !
Second jour. 450 kilomètres nous attendent, dont 75 de « spéciales » sur terre, sacré programme et une journée complète passée au volant ou dans le siège de droite. La météo s’est décidée à nous faire un joli cadeau : ciel bleu, quelques nuages ici ou là et une absence quasi complète de vent. Les lacs sont autant de miroirs de toute beauté au bord desquels il est compliqué de ne pas s’arrêter.
Les kilomètres s’enchaînent et tous les bons points identifiés le jour précédent se confirment : le SEAT Ateca FR est une machine à tout faire vraiment réussie. Le rythme augmente aussi sensiblement par moments, quand les pistes le permettent. Difficile de se dire qu’ici, les pilotes de calibre mondial allument à 200 km/h, ne freinant pas sur certaines bosses, abordant les « ciels » sans sourciller ! Une moyenne à plus de 120 km/h ? Pas un problème !
Franchement, arpenter ces pistes « en vrai » permet de vraiment se rendre compte du niveau de folie et de talent de ces hommes et femmes. Pas étonnant non plus de comprendre pourquoi les locaux y sont globalement invaincus et pourquoi les quelques-uns qui s’y sont imposés sans y être nés sont de vrais héros de la compétition automobile.
Si l’ESP se montre tout à fait castrateur dans l’Ateca FR, bridant à dire un vrai un peu le système SEAT 4Drive qui se montre à l’aise et performant sur le gravier, la conduite n’en demeure pas moins amusante par endroits. Le ruban de graviers ondule entre champs et forêts, tantôt au bord d’un lac et tantôt au bord de ce qui pourrait être une mer intérieure ! Quand la visibilité est bonne, on peut même exploiter toute la largeur de la piste…
Attention toutefois, les bosses et ciels ne sont pas une légende dans ce pays, ils sont bien réels et ne préviennent pas ! Vous roulez tranquillement (ou un peu moins…) quand soudain, la piste s’enfonce entre les arbres, perdant plusieurs mètres d’altitude et bifurquant à droite ou à gauche dans la foulée. Parfait pour finir dans les arbres ou dans l’eau pour peu qu’on soit un peu trop optimiste.
Conduire à la limite en Finlande comme le font les pilotes de rallye, c’est comme conduire à la limite au Nürburgring ou sur la Transfăgărășan, c’est sûrement grisant au possible mais ça demande un certain talent car la moindre faute sera synonyme de grosse casse. En bref : je suis resté raisonnable, très raisonnable, peut-être trop. C’est mieux ainsi car de toute façon, l’Ateca FR, aussi talentueux soit-il, n’a pas été conçu pour rouler à 120 km/h de moyenne sur des pistes finlandaises bordées de 1000 lacs ! La Leon CUPRA non plus d’ailleurs.
Les dernières portions de la route offrent de belles lignes droites et de belles alternances de grandes courbes dotées d’une belle visibilité. On est là loin des dizaines de radars qui peuplent les routes et autoroutes, c’est l’occasion d’y aller un peu plus franchement… Les glissades ne sont guère autorisées par l’ESP comme je le disais plus haut et c’est dommage car le châssis de ce SUV continue de me bluffer. Il réagit bien aux impulsions de la direction et se cale sur ses pneus sans se tordre ou devenir trop raide, il est en fait très agréable à emmener, sur la douceur de la boîte DSG7 qui remplit parfaitement son office.
En fait, SEAT a tout compris avec son Ateca, livrant en version FR une déclinaison plutôt séduisante d’un point de vue esthétique mais aussi performante avec le bloc essence – un rien trop gourmand quand on le titille. Si on rajoute à cela le SEAT 4Drive et une hauteur sous caisse correcte, il y a de quoi barouder un brin avec lui et même enquiller à bonne allure les jolies pistes de divers pays, à commencer par celles de Finlande.
Le soir venu, une petite balade à vélo en bord de lac, une baignade dans le lac et un sauna permettent de se détendre à la finlandaise après les huit heures passées à bord de l’auto… La Finlande offre des paysages splendides mais aussi un certain art de vivre qui a tout pour me plaire. Si l’on excepte donc les moustiques taille maousse, il y a ici de quoi se faire vraiment plaisir tant que l’on ne recherche pas la vitesse pure, réservée aux seuls pilotes (à moins de vouloir perdre beaucoup d’argent ou beaucoup de morceaux de voiture) !
Troisième et dernier jour. Déjà ? Le ciel s’est bouché, le fourbe, alors que je prends cette fois-ci le volant de la Leon CUPRA ST forte de 300 chevaux et du SEAT 4Drive. La première région traversée est de toute beauté, aquatique au possible, autour de Puumala. La route est un pont quasi permanent, ne remontant que de temps à autre sur une terre qui peine à convaincre qu’elle est ferme.
Il y aussi de quoi sortir des sentiers battus, ici ou là, pour partir à la découverte d’une île plus ou moins isolée sur laquelle quelques maisons aux airs de paradis perdus sont construites et bien souvent désertes. La CUPRA se montre à son aise sur les petites routes asphaltées, donnant envie d’aller vite, très vite. L’adjonction du SEAT 4Drive ne semble pas vraiment lui peser… et la boîte égrène ses rapports très vite.
Calmons nous hors piste, là où sa garde de sol oblige à nettement plus de prudence. Sa suspension se montre également largement plus ferme, que l’on soit en mode CUPRA ou non. Le choix de l’Ateca FR les deux jours précédents me semble décidément bien heureux et pertinent car les nids de poule sont ici nettement moins absorbés et obligent en fait à zig-zaguer pour ne pas lâcher quelques bouts de vertèbres sur la piste.
Le ciel s’éclaire tandis que l’on quitte cette zone de lacs assez massifs pour de nouvelles forêts quasiment interminables. Le paysage est nettement plus champêtre, les lignes droites sont tentantes, la police est là. Bon… allons tranquillement jusqu’à Punkaharju, ce sera mieux ! La route qui traverse le lac est bien connue et c’est aussi l’une des plus belles de Finlande. Perchée sur des îlots, le ruban d’asphalte est bordé d’arbres et ondule merveilleusement.
C’est simple, on a envie de rouler très vite dessus mais aussi d’admirer le paysage. La limitation étant à 40 si mes souvenirs sont exacts et le trafic étant tout de même présent, au delà du convoi SEAT 4Drive, c’est l’option 2 qui l’emporte ! La machine piaffait pourtant d’impatience, mais non, elle devra attendre de nouvelles pistes, plus près encore de la frontière russe que nous ne le sommes maintenant.
Autre constat, on a envie de traîner dans le coin, longuement. Le ciel a bleui, il fait doux, les routes sont belles et les paysages invitent à trouver un coin encore plus paisible (le niveau de base est assez élevé, pas besoin d’être trop exigeant) pour contempler jusqu’au coucher du soleil cette splendide région. Sauf qu’il reste encore pas mal de kilomètres ! Ils sont 360 au total aujourd’hui, dont 15 de spéciales… il est plus que temps d’y aller, de viser Kitee et de longer ensuite la frontière russe.
Les routes ici sont encore plus désertes et sauvages qu’ailleurs. Une voiture toutes les demie-heures, un tracteur ici ou là, globalement personne et les fermes isolées sont presque masquées intégralement par les arbres. Il serait facile de se perdre ici, de dériver un peu à l’est et de se retrouver dans le mauvais pays ! C’est tentant, tiens, d’aller faire un tour à la frontière. Le temps est compté, malheureusement, ça ne passera pas si on souhaite vraiment rentrer en France le soir même. C’est mon cas et celui de mon passager alors la raison l’emporte sur les derniers kilomètres, splendides, de piste autour de Tuupovaara.
Derniers kilomètres. Joensuu n’est plus très loin et c’est ce moment que choisit la Finlande pour nous offrir ses plus belles lumières et reflets. La route 74 longe comme tant d’autres routes dans ce pays des lacs splendides… mais là, c’était festival. Jugez plutôt.
Le roadtrip s’achève, malheureusement. Cette expérience SEAT 4Drive m’aura permis de goûter à un pays que je ne connaissais absolument pas et d’arpenter des pistes seulement accessibles en rêve. Ce fut aussi l’occasion de rencontrer l’Ateca FR, une vraie bonne surprise d’un point de vue dynamique, bien servie par une suspension bluffante et une transmission intégrale sans reproches à défaut d’être joueuse.
Quand j’y pense, la présence des Leon CUPRA ST 4Drive était un sacré pousse au crime, peut-être n’aurait-il fallu, dans ce pays mêlant culte automobile et répression intransigeante, ne nous laisser « que » cet excellent Ateca FR tant il s’est avéré être le parfait compromis entre dynamisme, baroud et confort. Le plus simple serait sûrement de remettre le couvert l’an prochain, ici ou ailleurs, avec une version CUPRA.